Je discutais avec un ami qui est en France avec qui je n’avais pas échangé depuis très longtemps. Il vit dans le “système”, c’est-à-dire avec un emploi exigent dans le secteur privé, avec la pression de la société qui dit qu’il faut performer, faire de l’argent, fonder une famille; qu’il faut savoir bien planifier sa vie pour réussir. Voici un extrait de l’un de nos échanges:
“Quels sont tes plans?”, me demande-t-il
Je lui réponds: “En ce moment, je suis basée entre le Népal, l’Inde et Bali où j’étudie, j’écris et j’organise des retraites.
Puis il insiste: “Mais où comptes-tu t’établir à long terme? C’est quoi ta stratégie, ton plan?
J’ajoute: “Pour le moment, je n’ai pas a choisir un endroit à long terme, je suis heureuse de vivre entre trois lieux, quelques mois chaque fois.
Je réalise qu’il est dans le futur et que je suis dans le présent. Mes réponses au fil de notre échange lui font conclure:
“Ah je vois, quand le vent tourne à gauche, tu vas à gauche, puis quand le vent tourne à droite, tu vas à droite?!”
J’ai souri. “Oui! C’est exactement ça!”
Il était complètement déstabilisé. Il enchaîne: “Mais tu ne peux pas juste te laisser porter par le vent comme ça, tu dois avoir un plan A et un plan B bien détaillés pour assurer ton avenir.”
Je réponds: “Qui dit que je ne peux pas me laisser porter par le vent, ni vivre dans le moment présent?”
J’enchaîne en ajoutant: “La société dans laquelle tu vis?”
“… oui…me répond-il un peu songeur”
Cet échange m’a beaucoup marqué, m’a beaucoup fait réfléchir et lui aussi.
Aussi loin que je me rappelle, planifier à long terme n’a jamais été naturel. De confirmer ma présence à un souper qui aura lieu dans trois semaines n’avait pas trop de sens pour moi. Je suis dans le ressenti du moment. J’ai envie d’être seule, j’organise ma journée en conséquence, j’ai envie de voir une amie, je lui fais signe et nous nous voyons le jour même ou le lendemain.
Je comprends dans une certaine mesure l’importance d’avoir un plan – d’avoir une vision, les grandes lignes d’un projet, mais je ne crois pas du tout qu’il faut attendre d’avoir tout planifié pour faire le saut vers le changement. C’est ce que mon expérience de vie m’a appris.
You don’t have to have it all figured out to move forward.
Cross each bridge one step at a time.
Cet ami dont je vous parle rêve de quitter la France pour faire le saut “en-dehors du système”. Il rêve d’ailleurs, d’un rythme plus lent, de mener une vie tranquille loin de la pression de la société, de créer sa petite business. Là où il se freine c’est qu’il attend d’avoir tout ficelé, trouvé le travail ou l’opportunité de business pour pouvoir traverser le pont. Il attend une sécurité pour ne pas “se tromper”. Il veut calculer, prévoir, planifier, avoir un plan A et un plan B. Ça fait des années qu’il y pense. La peur vient par vague et le freine.
Nos échanges lui apportent une autre façon de voir la vie. Comme une graine a été semée au cours de nos échanges, la vie a récemment conspiré. Son contrat de travail s’est abruptement terminé alors qu’il souhaitait démissionner dans les prochains mois. La vie lui dit: Tu veux quitter la France, voilà que je t’en donne l’occasion. Saisiras-tu ce moment ou choisiras-tu plutôt de rester dans ce qui est familier et plus facile en cherchant un autre emploi? »
Il y a ce proverbe qui dit qu’on ne sait pas de quoi demain sera fait.
Ce proverbe semble être un mantra tout naturel pour les gens qui vivent dans ce beau bout du monde qu’est l’Asie du Sud-Est (l’Orient en général). Un proverbe qui nous rappelle de vivre dans le moment présent. Et si le moment présent est bousculé, nous réagirons. Et aussi si le moment présent est bousculé, c’est qu’il y a une raison. Quelque chose d’autre est prévu pour nous. Malgré tous les plans, planification et calculs, je ne crois pas que nous avons le contrôle complet de notre vie. Je crois que la vie est organisée, structurée selon les règles de l’Univers. Que tout arrive pour une raison. C’est la loi du Karma. Nous pouvons choisir de l’ignorer ou de l’écouter, d’interpréter tous ces signes envoyés par l’Univers.
La traversée du pont, ce saut dans le vide, vers l’inconnu, vers la prochaine étape dont nous ignorons de quoi elle sera fait, demande de la foi, demande de l’abandon. Cette grande traversée demande de se faire confiance et de s’abandonner à plus Grand que Soi. Ce pas, aussi petit ou grand soit-il, demande de relâcher un peu plus les cordes du contrôle que nous aimons tant tenir pour nous rassurer. Le premier pas est toujours le plus difficile.
« Even though you don’t know exactly where you are going, you are being called to commit yourself and follow your heart, no matter how crazy this leap of faith might seem to you. Now is a time when you need to trust where the Universe is taking you. » Biddy Tarot
C’est la première fois que j’ai autant de projets confirmés à aussi long-terme (un an à l’avance) sans avoir de “plan d’affaires” ou de grande planification détaillée. Je continue de me laisser bercer par le vent de mon intuition. Récemment, une nouvelle offre de collaboration m’a été offerte pour un excitant projet qui aura lieu dans l’une des rares périodes où je suis libre. Le “timing” et le lieu est parfait. Une bénédiction qui est venue une fois de plus confirmer qu’en laissant notre “plan” ouvert, nous laissons de l’espace pour l’intervention divine. Je vous parle de ce formidable projet quand tout sera officiellement confirmé d’ici décembre!
Un pas à la fois, ayez la foi que vous serez guidé tout au long de la traversée et bien au-delà. L’étincelle dans vos yeux en fera foi.
