Vivre ses émotions
J’écrivais à la fin du premier article que mon coeur serait sans doute rempli de mille et une émotions une fois assise dans l’avion. À travers le dernier sprint logistique et le marathon de rencontres qui m’a comblé d’amour avant mon départ, il n’y a pas eu beaucoup de place pour penser à autre chose. Tout s’est déroulé si vite depuis le jour où j’ai remis ma démission! Le moment présent prenait toute la place et c’était mieux ainsi.
Le moment présent m’a suivi durant tout le trajet et continue à me suivre depuis. Trente heures de vol pour se rendre jusqu’à Bali, c’est long. Trente heures pour prendre pleinement conscience de cet immense changement de vie, ce n’est pas si long que ça. C’est dans l’avion que j’ai réalisé que vous aviez raison. Il en faut de l’audace et du courage pour écouter son coeur et sa petite voix intérieure qui me disaient de tout quitter pour l’inconnu. C’est à ce moment que j’ai réalisé la volonté que j’ai eue… L’adrénaline est retombée. Les émotions pouvaient maintenant sortir.
Un étrange sentiment de deuil m’a pris par surprise. Pas une peur, pas un regret, tout simplement un immense vide malgré la paix qui m’a enveloppée dès mon arrivée. J’ai compris que le mieux était d’accepter ce mélange d’émotions et de les vivre tout simplement. Les belles comme les plus difficiles. C’est ce que j’appelle prendre le temps d’atterrir.
Premières impressions
Mon intuition était bonne (elle l’est toujours), Ubud est un endroit d’ancrage parfait pour atterrir et alimenter Ray of Nath tout en réfléchissant à mon avenir.
Les habitants sont toujours souriants, polis et respectueux. Ils dégagent une telle douceur et une sérénité. Les côtoyer nous met dans un état de calme. On se sent en sécurité et en confiance. On comprend rapidement pourquoi quand on s’informe sur leurs moeurs.
À la base de leurs comportements, il y a la doctrine fondamentale du karma. Les gens croient que toutes leurs actions, passées comme présentes, dessinent leurs prochaines vies. Un fondement qui nous fait réfléchir et comprendre bien des choses.
Ici, on pratique un hindouisme propre à Bali, en lien avec l’ordre cosmique. Leurs cultes sont définis par leurs ancêtres et par les forces de la nature. Les Balinais croient qu’ils sont entourés de dieux et de démons et que leur rôle en tant qu’humains est de maintenir l’harmonie entre les forces du bien et du mal par le biais de nombreux rituels.
Très vite, on est submergé par le côté mystique à Ubud. On le sent par l’encens qui brûle partout, on le voit par les magnifiques fleurs de frangipani déposées à l’extérieur de chaque demeure et commerce en guise d’offrandes aux mauvais esprits, on le contemple à travers les temples, statuts et autres Ganesha, et on l’entend lors des spectacles de danses traditionnelles où les percussions résonnent. Leurs croyances m’intéressent énormément et j’aurai le plaisir d’élaborer à ce sujet dans les prochains articles.
Dans le quotidien, la journée commence tôt, vers 5h pour les locaux. Le matin, on se réveille tout doucement au son des oiseaux en liberté et en cage que les familles achètent pour mettre dans leur jardin. Sinon, c’est par un coq qui n’est jamais trop loin. On entend le bruit du balai sur le ciment et on se laisse transporter par l’odeur de l’encens qui fume avec les offrandes de la journée.
La chaleur arrive vite en matinée et disparaît en même temps que le soleil vers 18h30, oui c’est très tôt! Le soir, il y a peu d’éclairage par endroit ce qui rend la ville encore plus tranquille. J’ai l’impression qu’aussitôt que la noirceur tombe, les locaux rentrent chez-eux, sauf les chauffeurs de moto-taxis toujours assis patiemment sur un bout de trottoir à nous offrir poliment leur service. Quand on leur dit “non, merci!” Ils nous répondent: “peut-être demain?”. Ici, il y a seulement les touristes qui marchent pour le plus grand désespoir des chauffeurs de taxis. Tout le monde se déplace en moto, incluant les enfants.
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Ce qui est fascinant c’est que malgré le rythme effréné du centre de la ville avec ce nombre impressionnant de motos qui roulent dans tous les sens, sans oublier qu’ici on roule à gauche, les gens restent calmes. Il est facile de se réfugier dans la nature, omniprésente, si verte et si belle avec ses champs de riz jamais très loin.
Et toujours, on entend ce bruit de l’eau qui coule que j’adore. Que ce soit d’une rivière, d’un canal ou d’une fontaine remplie de fleurs, partout, l’eau est là pour nous apaiser.
Vous aurez compris que ce sont des éléments gagnants pour attirer les occidentaux en quête de sérénité. La ville est devenue un royaume du yoga, des massages ésotériques (ou des massages tout court), des restos végétariens, végétaliens ou crus. L’offre est tout à fait incroyable!
À travers ce boom exponentiel qui continue de transformer la ville, les locaux réussissent malgré tout à conserver leur authenticité à travers les 30 000 touristes qui arrivent sur l’île de Bali TOUS LES JOURS! J’ignore combien choisissent de venir à Ubud, mais il y en a beaucoup – trop – disent les locaux. La haute saison est terminée et nous approchons la basse saison (en novembre). Je n’ose pas imaginer ce que c’est pendant la haute saison! Des champs de riz disparaissent de plus en plus pour voir apparaître de luxueuses villas et complexes hôteliers. Ça me fait penser à Playa del Carmen au Mexique (et bien d’autres villes qui bien malgré elles sont victimes de leur popularité). Un tourisme qui est excellent pour l’économie, mais qui dérange… les locaux comme l’équilibre entre les dieux et les mauvais esprits dont je parlais au début de l’article. Ça aussi je vous en reparlerai.
Premières réflexions
Avant d’écrire cet article, j’ai relu les beaux mots que mes collègues, ma famille et mes amis m’ont écrit dans un magnifique calepin que j’ai apporté avec moi.
J’ai aimé vous relire. Le mot qui m’a accroché à ce moment-ci est celui d’un de mes mentors qui m’a écrit:
“Je t’ai toujours dit que le plus difficile est le premier pas. Ce que je ne t’ai jamais dit par contre, c’est que le plus facile est de ne pas revenir.”
Il est trop tôt pour vous dire si j’ai trouvé mon nid ici à Ubud, mais je peux certainement vous dire à quel point je suis dans mon élément. Je me sens en paix, sereine et heureuse. J’ai l’impression de vivre ici depuis des mois déjà!
Dans quelques jours, je déménage dans le village de Penestanan où j’ai loué un appartement de rêve jusqu’à la fin de mon premier séjour ici, au début novembre. Face aux champs de riz, j’aurai le cadre parfait pour vous raconter mes prochaines histoires!
En terminant, je suis rentrée chez-moi une fin d’après-midi et une petite grenouille m’attendait sagement sur une pile de vêtements placés sur un banc. Comment a-t-elle fait pour sauter jusque là?! Des amies m’ont dit qu’elle est un symbole de résurrection et de métamorphoses. Qu’elle représente l’aboutissement d’un long processus de développement et d’évolution. Elle ne pouvait pas mieux tomber! La prochaine fois je vais l’embrasser pour qu’elle se transforme en mon beau prince charmant.
Bonheur et sérénité,
Nathalie