Le marché du matin à Ubud

La quiétude de l’aube

Chaque semaine, je me rends au “pasar (marché) pagi (matin)“ pour acheter des produits frais me permettant de cuisiner à la maison. C’est devenu une sortie que je chéris particulièrement. D’abord puisque c’est un moment d’amitié et de complicité avec mon amie Komang avec qui je m’y rends, et aussi puisque ça me plonge directement dans un environnement très local à pratiquer mes connaissances de la langue nationale et les coûts du marché.

À 5h45 am, l’alarme sonne. Il fait encore noir. Je me lève doucement en buvant une eau chaude citronnée tout en me préparant. Au moment de quitter la maison, les premières lueurs du jour se pointent.  

Premières lueurs du matin, Ubud

Le petit chemin qui traverse cette portion du village se termine tout juste après la maison où j’habite. Les voitures ne peuvent pas circuler ici, seulement les motos. Par endroit, le chemin est si étroit que je dois m’arrêter et me tasser un peu pour laisser passer les motos.   Mais à cette heure-ci, c’est tranquille. Les Balinais sont déjà debout, à boire leur café. Les quelque femmes que j’aperçois sur le chemin se dirigent sans doute au marché.   Un fermier marche devant moi avec une faux glissée à la taille de son pantalon pour aller tailler son champs.

Rue du village de Penestanan, Bali

Je prends plaisir à saluer tout ce beau monde dont les visages me sont familiers avec un souriant “Pagi!”, l’équivalent de “Bon matin!” Certains me demandent où je vais comme il est coutume ici et ils semblent toujours étonnés de voir une “une blanche”, “une étrangère” se lever aussi tôt pour aller au marché local. Beaucoup de touristes et expatriés préfèrent la commodité du supermarché.

Ce matin, la lumière qui se reflète sur les champs de riz est tout simplement magnifique. Les coqs chantent le début de la journée et les canards se baignent allègrement dans les cours d’eau. Le bruit joyeux qu’émettent les canards me rend de bonne humeur à tout coup. Ils ont toujours l’air de s’amuser!

premiers rayons du soleil, Penestanan, Ubud, Bali

Arrivée chez Komang quelques minutes plus tard, j’entre dans la petite cour en enjambant l’un des deux chiens couché devant l’entrée. Putu, le fils aîné, sort de la chambre le visage encore endormi. Sa mère ramasse des sous et voilà que nous devons partir pour déposer d’abord ce beau garçon de 12 ans à l’école.

En route vers Ubud

Nous embarquons les trois sur la moto, Putu devant, Komang au milieu et moi derrière, pour filer vers Ubud qui est à quelques minutes. La rue principale de la ville est si calme à cette heure-ci. On aperçoit seulement des locaux sur leur moto en direction du marché, de l’école ou du travail. L’air est frais sur la moto et moins pollué que pendant le jour. Ubud à cette heure-ci n’a absolument rien à voir avec la folie du reste de la journée. La ville a explosé au cours des dernières années pour devenir un énorme bouchon de circulation où s’entassent autobus touristiques, taxi-camionnettes et motos sur la route. À ce trafic s’ajoute des cohortes de touristes qui essaient de frayer leur chemin sur des trottoirs pas toujours en bonne condition et à entendre ad nauseum “taxi?” lancé par des chauffeurs rongés d’ennui, ou “massage?!” en passant devant l’un des nombreux salons. Ubud n’est pas qu’un havre de paix situé au milieu des champs de riz comme bien des gens l’imaginent. C’est devenu une ville ultra-visitée surchargée de cafés, restaurants et boutiques pour les touristes. 

En accompagnant Komang et Putu le matin, j’ai découvert un rituel que je n’avais jamais eu l’occasion de voir auparavant. Au moment de déposer Putu à l’école, il prend la main de sa maman qu’il porte à son front en guise de bénédiction et de protection. J’ai été émue par ce geste que je trouve remplie d’amour. Quand les élèves arrivent à l’école, ils nettoient d’abord la cour en balayant les feuilles et autres déchets, pour ensuite déposer des offrandes au temple de l’école. À l’école de Putu, les cours sont de 7h30 à 12h30, un horaire qui varie d’une école à une autre. Kadek, le 2e fils, va à une autre école qui est maintenant sur le même horaire.

Le marché du matin de Ubud

Pendant que les rues se réveillent doucement, les marchands et les locaux s’activent depuis un certain temps déjà à travers les étalages. Certains commerçant arrivent aussi tôt que 3h du matin pour s’y installer. Des femmes vendent des fleurs réparties par couleur qui sont utilisées pour préparer les offrandes quotidiennes. Un peu plus loin, une vieille dame vend le « nasi campur » bien populaire à en voir la petite file omniprésente devant son kiosque. Le plat consiste à une généreuse portion de riz (nasi) avec sur le dessus,  un mélange (campur) de quelques feuilles d’épinard bouillie, de petits morceaux de viande, poisson, tempeh ou un oeuf dur au choix, et le sambal (mélange de chili, oignon et ail) pour moins de un dollar. Ce plat, comme tous les mets locaux pour emporter, se vend méticuleusement placé dans une feuille de papier brun ou une feuille de bananier qui est pliée en formant un joli triangle. Pour ma part, à cette heure matinale, c’est plutôt les sucreries fait à partir de riz collant ou celles enrobées de coconut râpé qui attirent mon regard et mon ventre gourmand:). 

Marché du matin Ubud

Il y des camionnettes dont l’arrière est rempli de melon d’eau, d’autres d’une variété de fruits ou légumes de saison ou quelques-uns importés. Dans des paniers ou sur des bâches par terre sont étalés tomates, concombres, radis daikon, pommes de terre, papaye, ananas et bien plus. 

Marché du matin de Ubud, Bali
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Des paniers tressés débordent d’oranges, de limes et de pommes et de mangues dont la saison vient tout juste de commencer succédant à celle du fruit du dragon.

Marché de Ubud, Bali

À un bout des escaliers, on trouve le tempeh et le tofu vendus 20 cents l’unité que je prends chaque semaine, de même que les fèves germées fraîches et des arachides. J’achète souvent des morceaux de vieille noix de coco à la même femme âgée qui découpe agilement la chaire durcie de la peau brunie. Je les mange en collation ou comme les Balinais, je râpe la chaire et l’ajoute à des feuilles d’épinard et fèves vertes bouillies.

Comme une locale… ou presque

Bien sûr, Komang et moi avons nos habitudes.  Je sais ce qu’elle va acheter et elle sait ce dont j’ai besoin. Nous nous frayons un chemin à travers la foule et les petites allées pour aller voir les mêmes commerçants. Ils sont plusieurs à vendre les mêmes produits, mais le prix et la qualité varient. Aucun prix n’est affiché, telle est la réalité des marchés publics de ce coin du monde. Les prix fluctuent en fonction de la saison, des cérémonies (pendant les grandes cérémonies annuelles les prix gonflent) et beaucoup selon l’habileté de l’acheteur à démontrer s’il vit ici ou non. Le fait que j’y aille avec Komang aide énormément. Elle leur raconte en balinais que je suis sa belle-soeur et j’obtiens ainsi les doux prix locaux. Je ne parle pas le balinais qui est assez difficile à prononcer (sauf 2-3 mots), mais j’ai un vocabulaire de base en indonésien, la langue nationale, ce qui plaît à tout coup et m’aide!

Marché du matin à Ubud bien achalandé

Au marché, presque tout se vend au poids. Chaque marchand a sa pesée et ses petits poids métallique. Très vite, à l’oeil, on vient à apprendre combien de mangues mettre dans le sac pour avoir un ou deux kilos, à dire et à comprendre les termes “plus”, “moins”, “assez” en parlant des quantités. Le plus gros est de maîtriser les chiffres et les montants qui sont difficiles puisqu’ici les billets sont en tranche de mille, dix mille et cent mille.

Bien sûr, les commerçants ont le sens des affaires et beaucoup sont en mesure d’indiquer le prix en anglais ou du moins, le taper sur leur calculatrice avec une légère inflation quand on ne connaît pas le prix du marché, qu’on parle la langue nationale ou non, qu’on soit une régulière du marché ou non.

Marché du matin à Ubud, Bali

Il y a quelques rares expatriés ou touristes qui viennent acheter des fruits, mais la plupart des clients sont des locaux comme Komang venus acheter des snacks (arachides, chips local, gâteaux) pour vendre dans leur dépanneur et de quoi cuisinier pour la journée. Ils achètent peu chaque fois. D’abord, plusieurs familles n’ont pas de frigo. Ils conservent leurs produits sur le comptoir de la cuisine qui est à l’extérieur (seule la chambre est une pièce fermée, le reste de la maison typique balinaise est tout simplement dehors… On vit dehors ici!). Les Balinais accordent une grande importance à la fraîcheur des aliments et préfèrent de loin acheter leurs produits quotidiens frais tous les jours. Ils achètent aussi très souvent des plats préparés pour emporter.

Une heure après notre arrivée, les étalages commencent déjà à être rangés. Le sol est parsemé de sacs de plastique, de papiers, de fruits amochés. L’espace sera sous peu nettoyé et transformé pour faire place au marché public pour les touristes où vêtements, accessoires et souvenirs seront vendus.

Komang et moi repartons les bras chargés heureuses de nos achats. Nous déposons quelques sacs sur le petit crochet de la moto – c’est surprenant ce que l’on peut y attacher! – et je porte le reste dans mes sacs réutilisables sur chaque épaule. Nous filons de retour vers le village et déjà, la rue principale est un peu plus réveillée. Mes achats m’auront coûté environ 20 dollars canadien et mon frigo sera bien rempli pour une bonne portion de la semaine.

Un petit clin d’oeil à mon quotidien montréalais lorsque j’habitais près du Marché Jean-Talon:)

PS: Connaissez-vous cet étrange fruit au nom « cool »? Il s’appelle le Jackfruit. Il a un goût très parfumé et fruité avec une texture unique. Au niveau du goût, pensez à un croisement entre la mangue, l’ananas et des notes de banane.

Bonheur et sérénité,

Nathalie